Retrouver le passé romain de la cité
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Absent durant près de 23 ans, Séguier retrouve en 1755 une cité en plein essor économique et démographique qui, bien que peu transformée intra-muros, a été marquée par une forte extension des faubourgs, notamment dans le secteur de la Fontaine. Les travaux d’aménagement menés autour de la vasque de cette résurgence karstique extra-muros ont révélé dès 1738 d’importants vestiges correspondant à un vaste sanctuaire antique, identifié depuis les années 1980 comme un Augusteum dédié au culte impérial. Depuis Vérone, Séguier est constamment tenu informé de l’étendue des découvertes par l’intermédiaire de son plus jeune frère, Joseph-Maximilien, et de son oncle, Jacques de Rozel, qui lui font parvenir descriptions, dessins et relevés d’inscriptions.
Le jeune avocat, bien avant sa rencontre avec Maffei, s’était passionné pour les antiquités de sa ville natale, composant entre 1728 et 1732 un recueil d’inscriptions locales qui devait servir de continuation aux Inscriptiones antiquæ de Gruter1. Avec son cousin Raymond Novi de Caveirac, il avait envisagé d’entreprendre un ouvrage sur les « monuments » de Nîmes qui ne vit jamais le jour : la parution en 1758 du tome VII de l’Histoire de Léon Ménard, consacré aux antiquités, conduit à l’abandon définitif du projet.
Son intérêt pour le monde antique ne se limite pas aux seules traces du bâti. Séguier, très tôt, s’intéresse à la matérialité même des civilisations antiques. Il compose notamment une dissertation Sur les cheminées des anciens lue devant l’Académie royale de Nîmes en 1759 et devant celle de Toulouse en 1764. Ce travail, quoique fort pertinent, repose toutefois sur un savoir essentiellement livresque, accumulant citations et parallèles. Séguier n’a jamais eu l’occasion de découvrir les cités campaniennes, ni d’accéder à une information jalousement gardée qui ne commence à circuler que dans les années 1760, avec la parution des premières descriptions. Seul son séjour romain de 1739 le met sans doute en relation directe avec une architecture civile romaine encore mal connue… et souvent délaissée.
De retour à Nîmes, fort de l’expérience acquise à Vérone, il accumule les découvertes et les observations, en étant capable de les contextualiser et de les dater. Le dynamisme démographique et manufacturier de la cité se traduit alors par l’extension des surfaces et par la densification du bâti, multipliant les travaux propices aux découvertes. Il se déplace ainsi volontiers pour observer ce qui lui a été signalé, achetant parfois ce qui lui semble intéressant. Il acquiert ainsi en 1766 « quelque vaisselle de cuivre qui appartenait à la cuisine des anciens ». On « ne ramasse souvent dans les cabinets d’antiquaires, déplore-t-il, que des petites figures qu’on rapporte presque toujours à des divinités », sans s’intéresser à la « suite formée de tous les vaisseaux nécessaires pour le ménage et les arts utiles », qui acquièrent pour lui le statut d’objet d’étude.
Les objets exhumés près de l’ancien monastère de Saint-Baudile, en 1764, mais surtout en 1778, sont recueillis de la même manière. Il s’agit d’une dizaine d’inscriptions, mais aussi de divers objets funéraires pour lesquels il établit, pratique encore rare dans les années 1770, des relevés précis et cotés, accompagnés de dessins. On a ainsi conservé un dessin remarquable, au crayon, réalisé en 1775, qui indique avec une grande précision (au ½ pouce près) l’emplacement des objets trouvés dans une sépulture sur le « chemin d’Arles », qui n’est pas sans rappeler les relevés exécutés pour le comte de Caylus dans les années 1750 ou par Jean-Daniel Schoepflin à la même époque.
De manière plus globale, le rapport entretenu par Séguier à l’objet antique se rapproche de celui que prônait l’auteur des Recueils d’antiquités. Arguant du fait qu’il ne souhaitait pas faire « un cabinet », Caylus avait refusé en 1761 une très belle tête de Jupiter trouvée à Nîmes, que Séguier lui avait envoyée avec une liasse de dessins et de relevés. « Je me contente, lui avait-il écrit, de rassembler des morceaux sur lesquels on peut avoir quelque opinion particulière, soit par la singularité de leurs attributs, celle de la matière ou de la nation »2.
De fait, le cabinet de Séguier contient de nombreux témoignages directs de la vie matérielle des populations gallo-romaines, notamment en terre cuite, en verre et en os. Certaines pièces lui sont concédées très officiellement : en 1766, les consuls lui confient un « tuyau de congélation que l’on conservait au Temple de Diane », qu’il s’engage, en signant un reçu, à représenter « à leur volonté »3.
Relativement bien connue grâce à un inventaire des années 1790, la collection d’antiques de Séguier compte alors 128 numéros, totalisant entre 400 et 450 objets (tous les fragments ne sont pas comptabilisés). Outre 35 lampes et 51 statues ou fragments de sculptures (bronze et marbre) on dénombre 201 « vases » de verre de terre ou de bronze, mais également 5 fragments de tuyaux de plomb, des fragments d’enduits de canalisations et des débris de mosaïque. Si les plus belles pièces (lampes et sculptures) sont assurément de provenance italique, ou du moins inusitées ou rares en Narbonnaise, l’essentiel des fragments d’amphore et des « vases », et notamment la belle collection de récipients de bronze, vient de Nîmes ou de ses environs.
Séguier ne publie malheureusement rien de son abondante documentation sur la question, à l’exception de la dissertation évoquée. Ses notes révèlent néanmoins l’attention constante – contrairement à Ménard par exemple – qu’il accorde aux objets du quotidien.
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Plan de la ville de Nismes ancienne et moderne (1751)
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Plan de la ville de Nismes ancienne et moderne (1751)
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Découvertes effectuées à Nîmes en 1775 « sur le chemin d’Arles ».
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Découvertes effectuées à Nîmes en 1775 « sur le chemin d’Arles ».